Chökhor Ling

Enseignements

Nagarjuna Comprendre comment fonctionne Esprit

L’illumination de Noël

Par Vén. Gelek Drölkar

La fête de Noël célèbre la naissance du Christ, incarnation de la sagesse et de la compassion. En tant que bouddhistes ayant reçu une éducation religieuse catholique, il est permis de rechercher le sens ultime du fils de Dieu au-delà du mystère qui l’entoure.

L'illumination de Noël

Jésus apparaît clairement avoir engagé sa vie “physique” au bénéfice de tous les êtres en se chargeant de leurs souffrances. N’est-ce pas le propre du bodhisattva ? Ses qualités divines révélées par l’exemple vivant d’un discours inspiré d’amour équanime, ont fait de lui un être hors du commun. Mais la compréhension des hommes limitée aux seules apparences n’a pas su aller au cœur de l’Histoire. Dans l’incapacité de reconnaître en eux le germe des qualités pures, ils ont préféré contempler leurs tendances primaires propres à satisfaire les désirs du même ordre. Pourtant, Jésus leur avait dit : “Vous êtes tous des fils de Dieu et le Père est en vous comme il est en moi.” Mais Dieu pour eux était lointain ou inexistant. Ils ne comprenaient pas qu’Il puisse être là, immédiatement disponible. Ils ne croyaient pas à cette dimension suprême en laquelle se tenait leur nature divine. Ils ne voulaient pas se séparer de la notion d’individualité égotique sur laquelle reposaient toutes leurs certitudes. Alors, préférant demeurer dans l’enfer des passions de l’orgueil et de la colère, ils crucifièrent la vérité d’amour et de partage. Et depuis, nous vivons ainsi. Déjà, avant Jésus, le Bouddha en son temps tenait un discours semblable et son concept de vacuité initiait celui du divin, duquel tout peut surgir et auquel tout revient. La fête de Noël est l’occasion pour tous de célébrer en soi la sainte trinité. Tous les fleuves retournent à la mer dit le proverbe. La méditation suivante vous ramène à vos pures origines.

Méditation de Noël et des autres jours

Asseyez-vous confortablement sur un coussin de méditation ou sur une chaise, le dos droit sans rigidité et portez attention à votre respiration. Le souffle est le véhicule des pensées et des émotions, il porte la vérité de l’instant que vous vivez. Vous êtes créateur et responsable de cette vérité. Ainsi la colère infuse dans votre sang le poison de la haine du moment, de même l’amour dispense dans vos cellules son message de santé et de paix. Un cœur chargé de souvenirs douloureux dont il ne parvient pas à se défaire, oppresse l’énergie de la vie, bloque son élan et bouche ses relais. Il est toujours temps de changer de comportement. Franchir le mur des apparences trompeuses et s’en remettre à l’authentique en soi. Cette méditation vous propose d’utiliser des représentations sacrées propres à élever le niveau de conscience. Laissez de côté l’intellect et abandonnez-vous à l’éblouissement de votre pure nature.

Le divin en soi

Visualisez en face de vous le “dieu” de votre cœur et de votre compréhension. Il peut être Bouddha ou Jésus, ou une autre représentation de la nature divine. Il se tient là, rayonnant dans l’espace de votre esprit.
Sa tête est auréolée d’une luminosité blanche, scintillante, presque transparente. De cette lumière vous percevez la force de la pureté contenant toutes les forces dont vous avez besoin pour faire progresser votre vie. L’élan de votre aspiration à devenir un meilleur être humain attire à vous cette lumière qui vient couronner votre tête. Le contact à l’instant s’établit entre votre nature de surface et votre nature divine. Depuis le chakra coronnal (sommet du crâne), la lumière descend le long du canal central (qui longe la colonne vertébrale) purifiant sur son passage toutes les négativités rassemblées dans votre courant de conscience (équivalent approximatif de l’âme). Ces négativités sont génératrices à plus ou moins longue échéance de maladies physiques, de conséquences violentes, accidents, etc. Le bénéfice de cette pratique est de vous préserver de ces souffrances.

Au niveau de la gorge de votre représentation divine, visualisez une luminosité rouge irradiant vers votre propre gorge, de purs rayons guérisseurs des négativités émises par les propos mensongers, les paroles méchantes, les critiques et les bavardages inconsidérés. Le bénéfice de cette pratique est d’élever la qualité de votre communication.

Son cœur à présent diffuse une luminosité bleue aussi limpide que l’espace. Cette lumière du cœur vient toucher votre cœur et lorsqu’elle y pénètre, elle dissout instantanément les vues fausses installées par l’ego. Il semble qu’un univers s’ouvre en vous, libérant un état de vastitude encore jamais ressenti. Les trois poisons de la vie, ignorance, désir/attachement, aversion se détachent de votre esprit tandis que l’idée d’un moi immuable tombe dans le vide ainsi créé. Délivré de ses chaînes, l’esprit reprend sa liberté, offrant à votre cœur la vue juste sur sa réalité divine. Les bénéfices de cette pratique sont incommensurables. Les barrières faisant obstacle au bonheur construites par une façon erronée d’être et de penser son soi, les autres et sa vie, s’ouvrent maintenant sur le calme. Vos corps, parole, esprit deviennent les trois joyaux représentatifs de la sagesse des bouddhas et vous savez comment préserver leurs richesses. De même, le Père, le Fils et le Saint Esprit demeurent en vous, à jamais indestructibles. La trinité de leur nature divine s’exprime en votre être qui reconnaît sa vérité. Pour les bouddhistes, la nature de Bouddha et pour les catholiques, Dieu le Père, sont reconnus en tant que puissances fondamentales ou réalités ultimes. Les premiers s’engagent dans la voie du Bouddha Dharma, les seconds suivent l’exemple du fils. Les deux furent incarnés dans la nature humaine propice à réaliser leur nature divine. La sangha des Aryas, tout comme le Saint Esprit, exempts de toutes souillures, protège, enseigne et représente complètement toutes les abstractions. Car celui qui comprend l’Esprit révèle en lui pureté et noblesse, avant de prouver sa sagesse. Faite d’une énergie sans tache, omniprésente et omnipénétrante, la nature véritable est le noyau central de ce qui est, de ce qui n’est pas et de ce qui peut devenir.

Porter l’enfant Jésus dans la crèche le soir de Noël peut aussi bien symboliser cette action méditative qui vous ramène dans le berceau de votre évolution, là où les conditions sont les plus simples et les plus authentiques et où les préjugés et les enfermements n’ont plus leur place.

Puisse l’esprit d’Éveil illuminer Noël et tous les jours de l’année.

Retour