Chökhor Ling

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Être nonne à Chökhor Ling

par Ven. Davina Gelek Drölkar

Les premiers jours du mois d'avril 2016 ont vu trois nouvelles lumières briller au firmament du ciel spirituel de Chökhor Ling. Sous la tutelle protectrice du Dharma du Bouddha et par la grâce accordée à la requête des aspirantes à la vie monastique, le Très Vénérable Lama Mogchok Rinpoché, détenteur des lignées Gelugpa et Shangpa Kagyü, a conféré ­l'ordination de Getsulma à trois étudiantes de longue date, dont l'une a déjà effectué un parcours de quatre années de pré-noviciat en tant que Rabjunma au monastère Chökhor Ling sous la guidance de la Vénérable Davina Gelek Drölkar. Les deux autres étant de ferventes disciples et d'authentiques pratiquantes depuis plus de dix et vingt ans.

Le centre monastique Chökhor Ling s'ouvre vers l’extérieur par son école de transmission des purs enseignements du Bouddha. Toute personne souhaitant s'engager sur la voie de l'amélioration de soi au bénéfice de tous les êtres comme principal sens accordé à cette existence, est libre de suivre cette voie en participant aux journées d'enseignements et de pratiques de la méditation, aux retraites spirituelles collectives mensuelles et aux divers ateliers de ­formations ­proposés toute l’année.
À l’intérieur, Chökhor Ling rassemble un groupe de femmes spirituellement engagées dans les vœux de nonnes bouddhistes occidentales placées sous la responsabilité de la Vénérable Davina Gelek Drölkar. Cet aspect est l'élément fédérateur de la vocation du monastère.

Qu'est-ce qu'être une nonne ?
La motivation d'un engagement monastique doit essentiellement reposer sur une aspiration spirituelle mûrement réfléchie. Lorsqu'une personne formule sa demande auprès du maître tutélaire, elle doit être parfaitement informée des responsabilités qu'un tel acte réclame et tout à fait en accord avec les règles de vie qui s'imposent, celles-ci pouvant varier d'un monastère à l'autre. La ­connaissance de base des enseignements du Bouddha doit être bien comprise et déjà partiellement intégrée dans la vie quotidienne de l'aspirante, la pratique de la méditation doit aussi être familière.

L'aspiration à devenir nonne repose donc sur une motivation inébranlable à renoncer joyeusement à la préoccupation du soi pour favoriser l'ouverture aux autres en toute compassion. Le goût de l'étude et du recueillement entourent les piliers de la foi et de la dévotion porteurs de la vocation. Les qualités ­d'humilité, de patience et d'application à suivre la conduite éthique pure seront mises à l'épreuve tout au long du chemin. Le renoncement à l'emprise totalitaire de l'ego est sans doute le défi le plus récurrent, présent à chaque pas sur la voie du perfectionnement et de la transcendance. Le seul moyen d'y arriver est de placer les autres dans la priorité des besoins à combler. Loin d'être une ­attitude inhumaine, le détachement envers les émotions perturbatrices permet de ­rompre les liens avec les racines de l'égoïsme profondément ancrées dans la terre du corps et du mental. Aussi vrai que la pureté de l'élan d'amour ­individuel n'est autre qu'un fragment de la splendeur d'amour universel, être nonne revient à abandonner le chérissement du “moi/je” au bénéfice de l'unique “tout” ou de l'ensemble. C'est ce que l'on appelle l'équanimité.

Mode de vie des nonnes à Chökhor Ling
L'enseignement du chemin spirituel transmis par le Bouddha est à actualiser dans tous les faits et gestes de la vie quotidienne. Chacune doit s'efforcer de prendre patiemment tout ce qui se présente comme un tremplin de ­progression sur la voie. C'est sur la base de ces enseignements que pourront reposer de la plus juste manière les pratiques méditatives et le comportement spirituel qui les ­sous-tend.

Les nonnes de Chökhor Ling vivent en indépendance financière avec le concours de leurs activités professionnelles ou de leur retraite, qu'elles ­poursuivent en conformité avec l'éthique monastique. Elles résident de ­préférence à proximité du ­monastère afin de participer plus facilement aux ­activités. Ainsi elles deviennent détentrices de la préservation des vœux qu'elles ont prononcés, et seules juges de ce qu'elles en font à l'extérieur du monastère.

Le monastère est d'obédience Gelugpa, aussi les nonnes font-elles vœux de ­célibat. Pour prendre les vœux monastiques à Chökhor Ling, il n'y a pas de limite d'âge après la majorité. Les aspirantes à l'ordination doivent présenter leur requête auprès de l'abbesse ­responsable du monastère, la Vénérable Davina Gelek Drölkar. Si la demande est agréée, elle sera suivie d'une période préparatoire dont la limite sera fixée selon le cas individuel.

Partager les bruits du monde sans se laisser assourdir : les nonnes de Chökhor Ling ne tournent pas le dos au monde, elles s'attachent à aider les êtres selon leurs capacités associées au discernement nécessaire. Elles demeurent proches du monde dans l'intégrité de leurs vœux, les yeux de leur conscience rivés au regard du Bouddha.

Danser le mouvement de la vie sans se laisser emporter : Les nonnes savent s'adapter joyeusement sans jamais se compromettre.

Aimer le temps de l'existence en le prenant pour ce qu'il est : les nonnes ­reconnaissent l'existence en tant que multiples propositions de moyens propres à les aider dans leur mission d'amélioration de soi et de progression vers la sagesse et la compassion véritables.

Les nonnes se réunissent une fois par semaine pour partager une pratique ­spécifique, recevoir un enseignement, prier et méditer. La pratique Sojong se déroule régulièrement à cette occasion. Un temps de questions et d'échanges est également inclus. Elles se réunissent également ponctuellement aux dates mentionnées par le calendrier tibétain, pour célébrer les pujas de Sangyé Menla, de Tara et de Mahakala, le tsog de Vajra Yogini et le tsog des Vastes Offrandes. Les autres jours, les nonnes pratiquent seules le matin et le soir sur la base de l'enseignement reçu chaque semaine. Toutes les pratiques sont dédiées à l'apaisement des souffrances, en particulier des malades et des décédés et à la paix dans le monde.

Une retraite annuelle de trois semaines, en janvier, se déroule hors du monde et de ses occupations. Certains disciples de Chökhor Ling y participent, chez eux, selon les directives de la Vénérable Davina Gelek Drölkar.
Tara Blanche est le yidam des étudiants du monastère et des moniales, Mahakala et Vajra Yogini sont les yidams des deux gelongmas. 

La présence des nonnes auprès des personnes laïques venant au monastère est très importante. Flambeau des enseignements du Bouddha, une nonne se doit d'incarner au plus près et de la manière la plus authentique la pureté ­symbolique de son vêtement monastique. Son comportement et ses paroles doivent incarner au mieux de leurs possibilités les enseignements de sagesse et de ­compassion en toute circonstance et ceci en toute intégrité.

De la même manière, la présence des personnes laïques auprès des nonnes se doit d'être respectueuse de leur engagement et de leurs vœux, en ne les ­considérant plus comme des “copines” mais comme des amies spirituelles ­propres à les soutenir dans leur cheminement.

Dans le rayonnement du Bouddha, le monastère Chökhor Ling et ses résidentes ont l’immense privilège de s'efforcer de préserver un Dharma authentiquement pur dans le but de laisser les joyaux spirituels répandre leurs bienfaits dans le cœur de tous les êtres.

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