Chökhor Ling

Enseignements

Nagarjuna Comprendre comment fonctionne Esprit

Vivre et mourir

Par Vén. Gelek Drölkar

Il est ô combien difficile de trouver les mots propices à l’apaisement du désarroi et du chagrin de ceux qui assistent au départ d’un être cher. Les proches essaient de se consoler mutuellement comme ils peuvent sans pour autant trouver de sens à leur souffrance. Il serait de bien loin préférable d’entendre le message d’amour universel délivré par n’importe quel être, après qu’il eut quitté son corps en franchisant les barrières de la mort.

Il n’y a pas de saisons pour terminer sa vie. La mort peut advenir lorsque les fleurs font les belles devant le soleil ou quand la nature se retire dans le silence de l’hiver.
Pourquoi cette peur devant l’inéluctable et pourquoi ce déni ?
L’éternité existe bel et bien dans l’espace insondable mais la fenêtre du savoir cela est maintenue close par l’arrogance des certitudes pragmatiques.
La mort détruit le point d’appui de la vie, cette réalité qui nous fait dire : “Je suis !” À la perte de ce corps tant chéri, tout le monde s’afflige, oubliant l’essentiel : qu’est devenu l’esprit ?
Du souffle, on retient le premier qui fête la naissance et au dernier, on pleure la mort. Dans l’intervale règne l’insouciance.
Comme un dû, on place son existence dans la normalité sans trop s’interroger sur ce que l’on en fait. Et le temps passe... Mais un jour l’heure du bilan sonne sans qu’aucun puisse présager du sien. Dans la quête de la recherche du soi, l’étoile du sens authentique de la vie se cache derrière les nuages de l’égocentrisme.
Une part de nous se détache par la mort d’un être aimé et les larmes creusent le torrent du manque et de la solitude. L’erreur est juste là, qui nous attend en embuscade à ce tournant.
Voilà celui qui vient de quitter son corps déchiré par d’intolérables souffrances, criant sa renaissance, qui vous dit : “Je ne suis pas mort au sens où vous l’entendez car j’existe maintenant autrement. Acceptez-vous d’écouter cela et de m’accompagner ? Si vous m’aimez vraiment pouvez-vous ultimement m’entendre et cesser de vous agiter ? Je suis en marche vers une vie nouvelle qui m’éloigne peu à peu du passé de mon corps douloureux. Vous qui m’avez choyé, aidé et tant soigné, je vous demande de préserver le lien d’amour qui nous unit en mettant dans votre chagrin, une part de joie heureuse de me savoir délivré.
Ainsi nous ne serons jamais séparés.”

 

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