Les 3 nobles principes
Par Vén. Gelek Drölkar
Dans l'enseignement du Bouddha existent trois principes à respecter dans toutes les activités spirituelles. Ce sont eux qui vont faire la différence entre une pratique authentique du Mahayana et un comportement tourné vers l'acquisition de bienfaits personnels, soit un moyen d'accéder à la tranquillité, une existence plus sereine, etc. et s'en tenir là. Ces principes sont contenus dans leur qualification de "Bon au début", "Bon au milieu", "Bon à la fin".
"Bon au début"
C'est la reconnaissance de la nature pure de chaque être, le potentiel de la bouddhéité qui dort en tous les êtres sensibles. Quel que soit ce qu'un individu exprime aujourd'hui, il détient le joyau de la nature de Bouddha au plus profond de lui. "Bon au début" signifie en prendre conscience au début de la pratique, prière ou méditation et s'en laisser inspirer avant de dédier les efforts de la pratique à l'éveil de tous les êtres.
La prière des Bouddhas et des Bodhisattvas intitulée "Les quatre incommensurables" est la meilleure introduction agissante en tant que rappel quotidien.
"Puissent tous les êtres vivants être libérés de la souffrance et de ses causes. Par mes pensées, mes paroles et mes actes, puissé-je être capable d'y contribuer.
Puissent tous les êtres vivants ne jamais être séparés du bonheur et de ses causes. Par mes pensées, mes paroles et mes actes, puissé-je être capable de les en rapprocher.
Puissent tous les êtres vivants être inséparables de la félicité sans chagrin. Par mes pensées, mes paroles et mes actes, puissé-je accumuler des mérites que je leur offre à cet effet.
Puissent tous les êtres vivants demeurer dans l'équanimité, libres des tendances à l'avidité et à la haine. Par mes pensées, mes paroles et mes actes, puissé-je être capable d'y demeurer moi-même."
"Bon au milieu"
Un entraînement régulier permet la familiarisation avec la bonne attitude intérieure et les mots prononcés qui prennent tout leur sens. Progressivement, les liens conceptuels des saisies et des attentes se dénouent. La conscience du vide d'existence intrinsèque de toutes choses ouvre l'espace dans lequel se dissolvent les illusions, les peurs et les regrets. Les sages considèrent les phénomènes comme le reflet de la lune dans l'eau.
Expérience pratique : imaginez l'étendue d'eau d'un lac tranquille. La lune s'y reflète à son aise. Mais l'image renvoyée par l'eau n'est pas la lune elle-même, et pourtant l'on s'exclame : "Oh regarde, la lune est dans le lac !" Les phénomènes apparaissent en production dépendante des causes et conditions : c'est pour cela qu'il est dit qu'ils n'ont pas d'existence réelle. Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'ont pas de réalité, mais celle-ci est temporaire dans son existence relative. Ce dont il est bon de se libérer est la saisie erronée du reflet comme étant la lune elle-même. De la même manière, on peut appliquer cet exemple à tous les phénomènes pour lâcher la saisie de l'existence intrinsèque et parvenir à réaliser le mode d'être ultime, la vacuité.
"Bon à la fin"
Toute activité positive engrange des mérites, c'est-à-dire un potentiel de retour bénéfique. À la fin des pratiques, l'offrande de la concentration, des prières, de la méditation, etc. est un cadeau que l'on destine au bonheur ultime des êtres, jusqu'à l'éveil complet. Le cœur à cet instant délivré d'intérêt personnel s'ouvre à la compassion. Puis, dans la compréhension de la nature illusoire de la réalité, l'on doit considérer que nous qui dédions la pratique, ceux à qui elle est dédiée et l'acte de dédier sont intrinsèquement vides. C'est ainsi que la pratique est scellée et de ce fait les mérites parfaitement préservés.
En écoutant les enseignements les premières fois, l'esprit du débutant se sent déstabilisé. Il est perdu dans les mots, perdu dans le sens, perdu en lui-même. À ce moment-là, soit il se détourne, soit il essaie d'approfondir. Seul, avec quelques livres et même quelques conférences, il ne pourra pas changer grand-chose à l'ignorance fondamentale dans laquelle tous les êtres baignent avant de rencontrer l'ouverture, la lumière, l'espace. La guidance par transmission de maître à élève est nécessaire, voire cruciale. Le choix doit être fait au sein d'une lignée de transmission authentique et ininterrompue qui remonte au Bouddha lui-même. En matière de spiritualité, il convient de ne pas se tromper.