S’engager dans une retraite spirituelle
Par Vén. Gelek Drölkar
Il y a plusieurs manières d'envisager une retraite. Mais qu'elle soit longue ou de courte durée, silencieuse, solitaire ou en groupe, la retraite est toujours un moment privilégié. Un temps hors du temps qui permet dans tous les cas de figure d'intégrer les concepts et de les transformer.
Confrontées à soi-même, au groupe, aux enseignements reçus auparavant, à l'espace libre pour méditer et à celui pour se regarder en face, les habitudes explosent, les caractères et les tendances se révèlent au grand jour, les masques tombent. Ce phénomène particulier à la retraite est le véritable moyen de transformation de l'esprit. Les élans spirituels, les beaux discours et les apparences de sainteté seront ébranlés au cours d'une retraite qui va les éprouver dans leur solidité. C'est alors qu'acceptant d'être ce que l'on est en toute simplicité, sans chercher d'autre reconnaissance que celle de réaliser la parole sacrée, la transformation intervient. La retraite ne doit pas être confondue avec une promenade à la campagne, une sortie en ville entouré de copains ou un jeu de rôles. Telle qu'elle doit être, la retraite sera effectuée selon les critères qui la caractérisent :
• Stricte : pour faciliter la conduite de l'esprit et son maintien dans la tenue indiquée : écoute, réflexion, méditation. Il s'agit d'autodiscipliner son esprit tout en gardant la joie de vivre sa retraite.
• Calme : pour installer la tranquillité dans l'esprit et pour la conserver, il est bon d'éliminer les sources de perturbations habituelles : bavardages, conversations téléphoniques, lecture de journaux, sorties hors du lieu de retraite pour visiter les environs ou rencontrer des amis, etc.
• Mesurée : pas d'excès de zèle tels que des jeûnes trop prononcés. Le corps psychique a besoin de soutien physique pour rester stable, mais pas de surabondance alimentaire non plus. L'esprit doit être clair pour écouter et méditer autant que le corps doit être propre et en bonne santé.
L'important est de maintenir son esprit dans le sens de la retraite et de l'y ramener à chaque fois qu'il se disperse.
Tout ceci s'inscrit dans la plénitude du contentement d'être en train de faire quelque chose de vraiment utile pour soi et de ce fait bénéfique aux autres selon l'engagement du Mahayana. Il n'y a pas lieu de se sentir investi d'une mission particulière mais simplement de reconnaître l'utilisation correcte de cette précieuse vie humaine.
Le juste accomplissement d'une retraite, certes, se mérite, mais le simple fait de s'y engager relève d'excellentes conditions karmiques. C'est donc une bénédiction de pouvoir s'accorder quelques jours ou quelques mois de retraite. Il n'est pas question d'en attendre les réalisations, seulement de placer son esprit dans la voie que l'on a choisie, ferme et déterminé.