Créer les causes d’une vie heureuse
Par Vén. Gelek Drölkar
Pour obtenir le bonheur, il convient d’accumuler suffisamment de mérites. Cela consiste en la réunion d’actions favorables nanties d’une pure motivation propres à faire jaillir un bon karma. La pratique de la générosité par les offrandes aux Trois Joyaux et à la communauté monastique, l’édification de stupas, de monastères et de temples, l’engagement dans l’enseignement de la parole du Bouddha permettent de rassembler les mérites qui favoriseront la vie des pratiquants sincères et réduiront les obstacles sur le chemin de l’Éveil.
Nombre de personnes s’interrogent sur le sens des cérémonies religieuses et de leurs rituels, de l’existence des objets sacrés et de la vénération qui leur est réservée. De son vivant, le Bouddha avait développé une telle sagesse que le moindre de ses gestes, la moindre de ses paroles étaient pris en considération dévotionnelle immédiate. Et si certains remettaient en cause les nobles conseils de l’Éveillé, il les enjoignait de mettre à l’épreuve de leur expérience personnelle ce qu’il leur enseignait. Depuis, rien n’a changé. Ayant foi en les trois précieux et sublimes joyaux Bouddha – Dharma – Sangha, les êtres ont l’opportunité d’accumuler d’inconcevables mérites en créant des causes d’Éveil tant pour eux que pour la multitude d’êtres sensibles. Parmi ces causes, celle des offrandes est la plus simple, la plus accessible dans n’importe quelle situation. Liée à la première paramita – la générosité –, la pratique des offrandes chemine sur la voie des Bodhisattvas qui conduit à l’Éveil. Sont décrits trois sortes de dons aux bienfaits incommensurables :
• Le don matériel sans espérer de récompense en retour.
• Le don de l’enseignement spirituel dont on a soi-même fait l’expérience auparavant.
• Le don de protection contre la détresse et les dangers.
Les mérites définissent le bon karma dont dépend une vie heureuse, ils ont été réunis tant dans les vies passées qu’ils le sont dans l’existence présente et se déploient de multiples manières. Pour obtenir les réalisations promises par la pratique spirituelle, il faut être suffisamment pourvu de mérites, c’est la raison pour laquelle il est important de créer les causes d’un bonheur présent et futur. Le Bouddha a dit que même s’il est impossible de le voir en personne, faire des offrandes aux objets sacrés rassemble autant de mérites que l’avoir fait devant lui du temps de son vivant. L’énergie sacrée est impérissable et les bénédictions du Bouddha toujours actives pour qui génère en son cœur une foi inébranlable. Ainsi les offrandes faites au Bouddha vivant créent exactement les mêmes causes que celles faites à ses représentations. N’ayant pas l’opportunité de rencontrer le Bouddha vivant, les êtres sensibles ont besoin des objets sacrés. Ils ont besoin de les voir, de les prier, de les vénérer. Ce faisant, par la grâce de l’énergie pure des objets de vénération, les êtres accumulent les mérites nécessaires à la cause du bonheur et de l’Éveil.
“Un stupa est un palais où tous les bouddhas se tiennent.” C’est la même chose pour tous les lieux où sont édifiés des temples et des monastères. Construire ou participer à l’édification d’un stupa, d’un temple, d’un monastère, fabriquer des objets sacrés tels les tsas-tsas, des robes de moines, etc. dispense des bienfaits comparables aux nombres d’atomes qui composent ces éléments. Cependant, la pratique des offrandes au temple et au Bouddha semble réservée à l’Inde et à l’Asie où la dévotion aux objets sacrés transmise depuis l’enfance est entretenue tout au long de la vie. Hélas, la culture occidentale ne manifeste pas beaucoup d’intérêt pour les dits objets et si le désir de vaincre les obstacles et d’acquérir la paix de l’esprit est très présent, le geste d’offrande, lui, est trop souvent absent. C’est un manque évident de compréhension. Imprégné d’individualisme et de matérialisme, le but occidental est tourné vers un profit personnel et immédiat où il ne reste que peu ou pas de place pour l’inconditionnel. Parlant de l’intérêt porté au spirituel, qu’en est-il de l’offrande de son corps par les prosternations ? L’offrande de sa parole par l’encouragement et l’éloge de la vérité ? L’offrande de son cœur par la bonté, même devant ceux qui portent tort ? L’offrande de ses richesses par les dons de fleurs, de fruits, d’encens et de bougies déposés au pied d’un autel sans compter toutes autres offrandes matérielles ? Bien trop aiment s’engager dans la générosité sous condition qu’elle soit liée directement et concrètement à eux-mêmes. Ce fonctionnement doit changer si l’on veut obtenir une vie meilleure. Car tout passe et seul restera ce que l’on aura gravé au fond de notre cœur.
“Tout ce que vous emporterez dans vos mains vides, dans vos mains mortes, sera ce que vous aurez donné.” Proverbe sanscrit